LA BASILIQUE DE SAINT-MAXIMIN LA SAINTE-BAUME

C’est le plus grand édifice gothique du sud-est de la France mais
il ne présente pas l’aspect qu’il aurait dû avoir après que sa toiture
de lauzes ait été remplacée par des tuiles, que ses baies aient été partiellement obstruées et que ni son clocher ni sa façade
n’aient été achevés.

Sa construction a été décidée par Charles II d’Anjou,
comte de Provence, Roi de Naples et de Sicile, suite à l’"invention”
des reliques de Marie-Madeleine et de ses compagnons.

Le chantier s’étalera sur près de 250 ans au gré des financements
et de la volonté de certains prieurs. Mais son édification se poursuivra
sur un plan tracé dès la première tranche des travaux.

C’est en 1295 que débutent les travaux de construction.
En remplacement de l’église romane dédicacée à Maximin,

Chapelle de l’Assomption - 1

Chapelle ND de Lourdes - 2

Chapelle ND de l’Esperance - 3

Chapelle Saint Dominique - 4

Chapelle Saint François (crèche) - 5

Chapelle du Sacré-Cœur - 6

Chapelle Saint Joseph - 7

Chapelle Saint Michel - 8

Chapelle du Rosaire - 9

Chœur - 10

Chapelle du Saint Nom de Jésus - 11

Chapelle Sainte Anne - 12

Chœur liturgique - 13

Chapelle ND de la Consolation - 14

Charles II d’Anjou veut un monument fastueux pour recevoir les pèlerinages en l’honneur de Sainte Marie-Madeleine dont les reliques
se trouvent dans la crypte.
Ce pèlerinage fût pendant un certain temps un des plus importants d’Europe. Avec l’accord de Boniface VIII
les frères prêcheurs dominicains vont prendre en main le pèlerinage et la destinée des monuments et de la ville.

Au début du XVIème siècle les travaux de construction se terminent hâtivement. La basilique reste inachevée : le portail principal
attend son parement, la façade sa rosace, et le clocher ne s’élèvera pas à plus d’un mètre du sol. La basilique se compose d’un vaisseau
central bordé de deux collatéraux formant déambulatoire et de deux autres collatéraux divisés en 16 chapelles.

15 - Chapelle Saint Thomas d’Aquin

16 - Chapelle du Corpus Domini (retable)

17 - Sacristie

18 - Chapelle Saint Maximin

19 - Chapelle Saint Antoine ( prédelle)

20 - Chapelle Saint Eloi

21 - Chapelle Saint Crepin

22 - Crypte

23 - Chapelle Sainte Marie-Madeleine

24 - Chapelle Saint Louis d’Anjou

25 - Chapelle Saint Blaise

26 - Ancienne chapelle des fonds-baptismaux

27 - Chaire

28 - Orgues Historiques du Frère Isnard

29 - Clocher (à l’état de fondation, inachevé)
La basilique, telle qu’elle aurait pu être. En dessous, la crypte sur le sol antique. A droite, le baptistère et l’église
de l’antiquité tardive à l’emplacement de la mairie annexe.

La basilique est en fait une église double. La partie comprenant le chœur à l'est, est resérvée au culte ordinaire. La partie ouest,
telle une église de pèlerinage,est bortdée d'un déambulatoire qui fait le tour de la crypte par la 5ème et la 21ème travée.

On compte 21 chapelles tout autour de la basilique dont le mobilier date, pour la plupart, des XVII et XVIIIème siècles ;
les chapelles servaient aussi de sépultures à des grandes familles, des corporations et des confréries. Elles étaient autrefois isolées
par des cloisons ajourées en boiserie

LA CRYPTE
Elle est aujourd’hui le Lieu Saint de la basilique mais c’était à l’origine un mausolée paléochrétien en élévation dans un cimetière
de l’antiquité tardive. A l’intérieur se trouvaient plusieurs inhumations dont certaines des sarcophages historiés de la fin du IVème siècle.

La tradition veut que quatre des sarcophages seraient ceux de Marie-Madeleine, du massacre des saints innocents, qui a été appelé à tort sarcophage de saint Maximin, de saint Sidoine (l'aveugle de naissance à qui Jésus rendit la vue) vraisemblablement prévu pour deux personnes ainsi que celui des saintes Marcelle et Suzanne.
Les quatre sarcophages sont classés monuments historiques. Sur le sarcophage de Sidoine figure la plus ancienne représentation d’un orgue.

Jusqu’au siècle dernier la crypte présentait encore des traces de son ornementation antique et avait gardé une petite élévation au-dessus
du sol de la basilique autour de laquelle défilaient les pèlerins.
2 - représentation d’un orgue - sarcophage de Sidoine
3 - sarcophage des saintes Marcelle.ef Suzanne
2 - sarcophage de saint Sidoine
1 - sarcophage de sainte Marie-Madeleine
4 - sarcophage des saints-innocents
5 - statue de Marie-Madeleine couchée à l'entrée de la crypte
Au fond du sanctuaire, une châsse, dessinée au siècle dernier par l’architecte des monuments historiques Revoil, contient le crâne de Marie-Madeleine porté par les anges, qui selon la tradition, élevèrent la sainte depuis la grotte pour la déposer près de son compagnon Maximin.

Cette châsse est entourée d’autres reliquaires rescapés des spoliations, mais aussi des dons, très nombreux, que les religieux et la ville ne manquaient pas de faire aux puissants de ce monde.

Les reliques ont dominé les rapports entre la ville et le pouvoir provincial et royal.

Mises à l’abri à chaque rumeur de troubles, elles font l’objet d’un inventaire à chaque élection des consuls qui en sont responsables.

Au XVIIème siècle la reine ne doit-elle pas être enceinte à la suite de l’offrande de reliques de Marie-Madeleine apportées à Paris en 1623 par les saint-maximinois ; quant aux remparts, ils évitent le démantèlement en 1626 car ils sont nécessaires à la conservation des reliques “alors exposées à la merci des voleurs”.

L'ABSIDE & LE CHŒUR

L'abside est à sept pans. Le portique qui ceint le maître autel comporte
trois tableaux d’André Boisson (XVII / XVIIIème siècles) représentant différents épisodes de la vie de Marie-Madeleine.

Le tableau central de forme octogonale représente la sainte dans sa grotte
de la Sainte-Baume. Le dessus du portique est couronné par une « Gloire »
en stuc doré avec en son centre un vitrail représentant la colombe
du Saint-Esprit œuvre du sculpteur varois Joseph Lieutaud (XVIIème siècle).

De part et d’autre de l’ensemble de la « Gloire » dominé par des angelots
on distingue deux personnages assis. Celui de gauche lève la main
c’est probablement Jésus, en face à droite on pense que c’est le prophète Moïse.

Les deux côtés du chœur sont ornés de stucs polychromes œuvres
de Jean Antoine Lombard (XVIIème siècle) les panneaux sont ornés de
bas-reliefs, celui de droite est l’œuvre de Joseph Lieutaud et représente
Marie-Madeleine recevant la communion. L’autre représente le « ravissement »
de Marie-Madeleine par les anges vers le saint Pilon.

plan de la crypte

Le chœur liturgique a été construit vers la fin du XVIIème siècle par le frère dominicain Vincent Funel et ses compagnons Jean-Baptiste Oléri, Jacques Gras, Bernard Maunier et François Peironi. Ses boiseries se composent de 94 stalles ornées de 22 médaillons.
Elles représentent les divers miracles accomplis ou les martyrs subis par des religieux ou religieuses de l'ordre des Dominicains.

LE RETABLE DE LA PASSION
Retable de Ronzen

Dominant l’autel de l’absidiole nord, le retable de la Passion
est composé de 22 peintures sur bois, œuvres d'Antoine Rozen.

Cet ensemble terminé en 1520 pour le compte de Jacques de Baune, représente la Passion du Christ

Le tableau central représente le Christ en Croix. Au pied de la croix
Marie-Madeleine embrasse les pieds du supplicié. A l’arrière-plan
on aperçoit Jérusalem. Les panneaux latéraux racontent la Passion
du Christ avec pour toile de fond les villes de Venise, d’Avignon
ou de Rome.

L’autel est décoré d’un panneau de bois sur lequel Marie Madeleine
oint les plaies de Jésus crucifié. Autour du sarcophage différents personnages assistent à la scène. Saint Anne, Marie, d’autres saints
et sans doute des membres de la famille du donateur.

On remarquera la longueur disproportionnée des jambes de Jésus reposant dans le linceul. Une erreur de proportions qu’il était sans doute difficile
de rattraper à ce stade de l’exécution !

Il se dégage de l’ensemble de l’œuvre l’influence flamande. Il aura fallu
plus de deux ans à l’artiste pour réaliser le retable. Les panneaux avaient
été sortis du cadre d'origine pour être protégés des pilleurs. Ils ont été remontés dans le retable actuel en bois doré au XVIIème siècle.

Christ en croix
le chemin de croix
Jésus tombe pour la 1ère fois
Jésus devant
Herode Antipas
la crucifixion de Jésus
sur le Mont Golgotha
les soldats d'Hérode
baffouent Jésus
le reniement de saint Pierre
Jésus devant Caïfe
L’urne de porphyre rouge, qui domine le maître-autel de la basilique, est l’œuvre du sculpteur romain Sylvio Calce. Deux chiens qui serrent dans leurs gueules une torche (symbole des dominicains), la soutiennent.
Le statue de Marie-Madeleine, assise sur un rocher, a été réalisée par le sculpteur italien Alessandro Algardi.

L’urne a été bénie par le pape Urbain VIII en 1634. En 1660 le transfert des reliques de la sainte dans l’urne
se fit en présence du roi Louis XIV de sa mère Anne d’Autriche et de son frère cadet Philippe D’Orléans.
L'URNE DE L'AUTEL
LA PREDELLE DE LA CHAPELLE SAINT ELOI
Située dans la chapelle de Saint Eloi, cette prédelle, extraite du soubassement d’un retable, comporte plusieurs peintures attribuées
au XVème siècle provençal. Trois scènes représentant :

Marie-Madeleine en présence du Christ qui lui dit
“Noli me tangere…” Ne me touche pas… car je ne suis pas retourné vers mon Père” ,

la décollation de Jean Baptiste à la demande de Salomé la fille d’Hérodiade

sainte Marthe domptant la Tarasque

Quatre autres peintures du XVème siècle, attribuées au prieur André Abellon, se trouvent dans la chapelle
N.D. d’Espérance.
Elles faisaient partie du chœur primitif de l’église remplacée au XVIIème siècle par les boiseries du chœur.
Le bienheureux Abellon est vénéré un certain temps à Aix-en- Provence.

chapelle Notre Dame de Lourdes
"L'adoration des bergers" - toile de A.Abellon
LA CHAPELLE DU ROSAIRE
Au fond de l’absidiole sud se trouve la chapelle du Rosaire. Le retable au-dessus de l’autel est classé monument historique. Au centre la statue de ND du Rosaire est l’œuvre
de Balthasar Maunier (1667 et 1671).

Deux tableaux encadrent la statue de la Vierge. A gauche la Vierge remettant le rosaire
à saint Dominique, l’autre saint Joseph assistant un mourant. Le devant de l’autel est orné d’un chef-d’œuvre exécuté en 1536 par Jean Beguin. Il représente sur quatre panneaux en bois en haut-relief l’itinéraire de Marie-Madeleine de Palestine jusqu’à son embarquement pour la Provence.
Madeleine
écoutant la prédication de Jésus
Madeleine lavant les pieds de Jésus
au cours du repas chez Simon le Pharisien
Madeleine reconnaissant le Christ
à la résurrection
Madeleine s'embarquant pour la Provence avec ses compagnons

LA CHAIRE
Sculptée au XVIIIème siècle, elle est l’œuvre du Frère Louis Gudet. Sur le garde-corps, sept médaillons sculptés représentent
des scènes de la vie de Sainte Marie-Madeleine.

Sur l’abat-voix est figuré le Ravissement de Marie-Madeleine par les anges.

En bois de noyer le l’a terminée en 1756.
Aujourd’hui, elle est classée monument historique.

Sur le parement de la rampe et du balcon
sept médaillons retracent les moments importants
de la vie de Marie-Madeleine.

Au-dessus de l'abat-voix Marie-Madeleine
est emportée par des anges ; sous l'abat-voix
est sculptée une colombe en bois doré représentant
le saint esprit.

Ce meuble, dont la main courante est taillé dans un seul bloc de bois, est considéré comme un chef-d’œuvre par les Compagnons du Devoir du
Tour de France.

Sous le balcon les quatre évangélistes sont symbolisés par les têtes de lion, d’homme,
d’aigle et de bœuf.

LE GRAND ORGUE
le point d'orgue de la basilique !
C’est entre 1772 et 1774 que le facteur d’orgue Jean-Esprit Isnard, frère dominicain de Tarascon,
a construit le grand orgue de Saint-Maximin. Son neveu Joseph l’a aidé dans cette tâche.

L’instrument se compose d’un double buffet, quatre claviers 43 jeux et 2962 tuyaux tous d’origine.
C’est aujourd’hui le meilleur instrument classique conservé de son époque.
Quelques années plus tard, en 1793 pendant la Révolution, l’organiste de l’époque Fourcade,
sur l’ordre de Lucien Bonaparte, sauva l’instrument de la destruction en jouant la Marseillaise
devant le révolutionnaire Barras et le journaliste Frénon.

En 1954 Norbert Dufourcq attaché à la commission des monuments historiques monte un projet pour moderniser
le grand orgue, suppression de plusieurs jeux et changement de la tonalité des claviers d’un demi-ton
afin de répondre aux règles classiques du « diapason ».

Le facteur d’orgue Pierre Chéron et d’autres spécialistes s’opposèrent farouchement au massacre programmé par Dufourcq. La technique du frère Isnard, qui avait volontairement choisi cette « anomalie » du demi-ton, était justifiée.
L’analyse approfondie de l’instrument a permis de démontrer qu’il n’y avait aucun besoin
de modifier quoique ce soit sur les claviers.

Le grand orgue fut l’objet de plusieurs restaurations. En 1880 le facteur François Mader rénova
les transmissions mécaniques et la soufflerie. D’autres travaux furent entrepris en1924-1925
et 1926-1927 sans résultats probants.

Entre 1986 et 1991 Yves Cabourdin facteur d’orgue à Carcès, (tout près de Saint Maximin) prépare l’instrument
en vue de son inauguration en 1991. Il s’est attaché à restaurer la soufflerie telle qu’elle était à l’origine
c’est à dire actionnée par la force des jambes tout en conservant l’option électrique … (1)

L’orgue masque aujourd’hui une fresque baroque monumentale représentant le Jugement Dernier.
Elle fut mise à jour au cours de cette dernière restauration.
vendredi 20 septembre 1991
l'inauguration de l'orgue restauré
Du vendredi 20 septembre au dimanche 13 octobre 1991 c’est : " les plus grands réunis pour l’orgue "
comme l’indique la plaquette éditée à cette occasion : Pierre Bardon, bien sûr, titulaire de l’orgue, Michel Chapuis,
André Isoir, André Stricker, René Saorgin s'installèrent devant les claviers … et de Bach à Buxtehude
en passant par Pachelbel, Mendelssohn, Grigny ou Bartok, la basilique a résonné de toutes ses voix.

Il faut ajouter deux auditions : Michel Colin et Henry Pourtau et une exposition autour de l’orgue.

(1) Le vendredi 20 septembre 1991 vers 20h30 comme prévu par le programme,
Michel Chapuis interprétait probablement une fugue de Bach … la basilique était éclairée « a giorno » …

tout-à-coup plus de lumières et plus de son … remue-ménage dans le public, inquiétude … puis au bout de cinq minutes
l’orgue reprend mais toujours pas de lumière. La toccate se termine … Au balcon on devine Michel Chapuis, avec à ses côtés Yves Cabourdin,
qui prend la parole en haussant le ton pour se faire entendre puisqu’il est privé de micro et explique qu’il y a eu une panne d’électricité générale
mais que des volontaires se sont installés sur la soufflerie à jambes et ainsi il a pu finir son morceau …
D’aucuns ont pensé (bien après) que la panne avait été programmée pour bien montrer que la soufflerie aurait fonctionné dans tous les cas !
Clin d’œil ?
Pierre Bardon
Yves Cabourdin
Michel Chapuis
André Isoir
André Stricker
René Saorgin
La chapelle du Rosaire
Discours d’inauguration - Lucien Ginot, maire
et Yvonne Astesano, attachée à la culture

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 







 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 



 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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